France républicaine

Le savoir est une arme qu'on peut toujours charger un peu plus.


#feminsime. Le corps de la femme, par Kamel Daoud. Et quelques illustrations pour réfléchir.

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Ton corps est ton crime.

A qui appartient le corps d’une femme ? A sa nation, sa famille, son mari, son frère aîné, son quartier, les enfants de son quartier, son père et à l’Etat, la rue, ses ancêtres, sa culture nationale, ses interdits. A tous et à tout le monde, sauf à elle-même. Le corps de la femme est le lieu où elle perd sa possession et son identité. Dans son corps, la femme erre en invité, soumise à la loi qui la possède et la dépossède d’elle-même, gardienne des valeurs des autres que les autres ne veulent pas endosser par (pour) leurs corps à eux. Le corps de la femme est son fardeau qu’elle porte sur son dos.

Présentation du livre de Kamel Daoud Zabor ou les psaumes : 

 

Elle le doit y défendre les frontières de tous, sauf les siennes. Elle joue l’honneur de tous, sauf le sien qui n’est pas à elle. Elle l’emporte donc comme un vêtement de tous, qui lui interdit d’être nue parce que cela suppose la mise à nue de l’autre et de son regard. Une femme est femme pour tous, sauf pour elle-même. Son corps est un bien vacant pour tous et sa mal vie à elle seule. Elle erre comme dans un bien d’autrui, un mal à elle seule. Elle ne peut pas y toucher sans se dévoiler ni l’aimer sans passer par tous les autres de son monde, ni le partager sans l’émietter entre dix mille lois. Quand elle le dénude, elle expose le reste du monde et se retrouve attaquée parce qu’elle a mis à nu le monde et pas sa poitrine. Elle est enjeu mais sans elle. Sacralité mais sans respect de sa personne. Honneur pour tous, sauf le sien. Désir de tous mais sans désir à elle. Le lieu où tous se rencontrent mais en l’excluant elle. Passage de la vie qui lui interdit sa vie à elle. Femen donc. Ou lapidée. Ou violée. Butin de guerre et de sang. Nom de tous sans non à elle. Espace de la violence des autres contre sa maternité à elle. Là où elle donne vie au monde, le monde lui donne mort. Elle est l’objet de jalousies des dieux d’autrefois et des névroses d’aujourd’hui. Deux seins nus sont donc un crime contre l’humanité voilée et une guerre nue sont seulement mille images de l’actualité. Tout semble changer dans le monde sauf les yeux sur la femme et la femme sous le regard. Étrange rencontre de l’humanité et de son contraire, le corps de la femme est le reproche fait au monde par le djihâdiste et le lieu du mauvais souvenir pour les autres intégrismes du monde. Il faut tuer la femme dans les femmes. Cela nous laissera un monde sans seins et sans corps. Désincarné et pur. Pour en faire quoi ? Le souvenir d’un veuf face à une fenêtre sans vue.

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